Depuis la première révolution industrielle, au 19ème siècle, le développement de la technologie « soumise aux impératifs du calcul marchand »[1] a entraîné un rapport de plus en plus astreignant au temps, ce qui nous conduit bien souvent à penser, bien qu’il soit impropre de le formuler ainsi, que le temps « s’accélère ». Comme le souligne l’essayiste américain Jeremy Rifkin — spécialiste de prospective économique et scientifique — au cours de notre histoire, « la densification de nos échanges nous a conduit à organiser notre temps en plus petits segments : d’abord en heure à la fin du Moyen Age, puis au début de l’ère moderne, en minutes et en secondes »[2]. Aujourd’hui, avec la troisième révolution industrielle, celle des technologies de l’information et de la communication, « on crée de nouvelles valeurs temporelles : la nanoseconde et la picoseconde »[3]. Organisant désormais notre temps à la vitesse de la lumière, avec des unités temporelles qui sont bien en deçà de notre seuil de perception, nous sommes contraints de « dissocier l’expérience humaine de la vitesse de communication à laquelle les informations peuvent être transmises. Ce qui est très aliénant »[4]. Nous mettons en place, dans notre réalité objective comme dans notre imaginaire collectif contemporain, les conditions de notre total assujettissement à la machine.