L’autophotographie est un terme qui peut surprendre : il n'est pas ici question d’autoportrait, genre pictural à l’origine. Dans l’autoportrait l’auteur(e) se représente, en chargeant souvent l’image de dire quelque chose de lui-même.
Mais la modernité a dépassé les concepts usés du regard « fenêtre de l’âme ».
C’est le corps tout entier de l’artiste qui s’invite maintenant dans l’image.
Par exemple à travers les œuvres d’ORLAN, le corps vieillissant de John Coplans, le corps-fantasmé de Molinier, ou les paysages humains d’Arno Rafael Minkkinen.
Les artistes ne disent plus « regardez comme je suis… (beau ou fou) ».
La notion romantique d’individu « révélant son âme » s’est effacée devant un corps utile :
Le corps de l’artiste lui sert maintenant de matière première, d’outil politique, d’objet de jeu visuel ou de moyen de représenter la mort…
Mais alors où ranger les selfies ? nous direz-vous.
Peut-être que l’empire du « je » numérique amène ce retour de l’égo… mais c’est là une toute autre question !